Chamonix – L’envers de l’Envers des AiguillesIl était de prédilection pour des grimpeurs de « Trad » d’intégrer Chamonix dans la liste des destinations pour aller grimper les légendaires montagnes du Massif du Mont-Blanc. Regroupement ancestral de montagnes géantes et de glaciers imposants qui nous est proposé par Dame Nature comme un terrain de jeu infini pour des amoureux de plein air.


Nous rejoignons Cédric qui est descendu du refuge de l’Envers des Aiguilles pour recharger en vivres… et pour ne pas endurer la pluie s’abat actuellement. L’idée établie est de se rendre à ce joli refuge perché qui domine le glacier de « La Mer de Glace », entouré d’immenses aiguilles taillées dans le granite et de tenter d’y grimper les meilleurs itinéraires.
Nous réalisons une dernière courses dans le splendide village bondé de Chamonix, Mecque des activités outdoor, et nous entrons dans le petit train du Montenvers qui nous emmène au pied du glacier qui sera le départ de notre marche d’approche. Et ce n’est pas n’importe quelle marche d’approche ! Elle est composée d’abord d’une descente d’échelles plutôt surprenante de presque 150m où le droit à l’erreur n’est pas permis (si on ne s’assure pas) qui nous mène au glacier. De là on le remonte en se frayant un chemin parmi les crevasses et les cours d’eau pour arriver à une deuxième série d’échelles, qui cette fois, monte ! 200m de parcours vertical vertigineux qui nous conduisent à la continuation de l’éprouvant accès à l’Envers des Aiguilles.


Vue du glacier juste avant le 2ème tronçon d’échelles


Voyez le Refuge en vue au loin ….?…. Ben vous êtes loin d’être arrivés !
6h, La marche a été dure ! D’autant plus que nous avons chargé tout le matos de bivouac… tout le matos de grimpe… et près de 10 jours de bouffe !! Nous sommes récompensés par l’incroyable vue qu’offre le spot et par une gorgée de ricard judicieusement emportée. Un joli coucher de soleil nous est offert avant de vite rejoindre les tentes pour attaquer tôt le lendemain. Ici les parois étant principalement orientées Est, il faut profiter du soleil avant que l’ombre ne surgisse sur les coups de 15h.


La mer de glace dans toute sa splendeur
Le réveil affiche bien inhabituellement 5h du mat… mais bon, c’est pour la bonne cause. L’objectif de demain est de gravir l’aiguille du Roc en commençant par « Voyage au bout de l’envers » et si nous n’en n’avons pas assez avec 320m de grimpe nous pouvons continuer la paroi pour rejoindre la fin de « Children of the moon » qui rajouterait 220m…



Un aperçu du topo…18 Longueurs en prévisions
Le jour se lève et nous émergeons difficilement, apprécions un bon petit déjeuner sous le soleil chaleureux et c’est à… 9h… que nous prenons le chemin de l’ascension. Ivana souffrant d’ampoules exubérantes reste au camp, tandis que Florence et Pyd préparent la quincaillerie nécessaire au voyage.


Départ de « Voyage au bout de l’Envers »




16h nous voilà déjà à l’ombre!
La journée est passé si vite! 9 longueurs seulement parcourues aujourd’hui! Il faut dire que le lieu nécessite un certain temps d’acclimatation au rocher et au type d’escalade (plus dalle que fissure) pour se permettre d’évoluer rapidement et aussi une certaine rigueur à l’heure de départ, ce qui ce matin s’était un peu détendue. Retour au refuge après la série de rappels exécutés sans encombres afin de s’hydrater autour d’un apéro.
Nous rencontrons une bande d’espagnols avec lesquels nous formons une grande tablée. Les gentilles gardiennes nous ont autorisé à manger à l’intérieur pour se calfeutrer du froid saisissant qu’il règne le soir, malgré le fait que nous sommes en bivouac. Nous savourons donc au refuge les bienfaits de la bière et du vin rouge sur nos corps dans l’atmosphère joyeuse générée par les facéties de la troupe.


Demain, malgré les courbatures accumulées, il faut profiter de grimper avec le soleil car le mauvais temps se profile pour les 2 jours à venir selon les pronostics. Une journée de repos aurait bien été appréciée mais la météo nous impose de pousser un peu nos limites. Cédric nous ayant rejoint aujourd’hui, nous pourrons former demain 2 cordées pour gravir « La Pointe des Nantillons« .


Cédric et Ivana au beau milieu de « Amazonia » (400m / TD+)


Au sommet de la 1ère Pointe des Nantillons


Florence et Pyd dans « Bienvenue au Georges V »


Arrivée simultanée au sommet avec nos amis espagnols
Une journée bien accomplie pour tout le monde… avec un petit coinçage de corde lors des rappels mais rien de méchant… il faut juste dans ce cas remonter à la corde, si c’est possible, ou bien regrimper la longueur pour aller décrocher la corde pris dans une faille, une racine, une écaille… ou tout autre obstacle inimaginable sur le chemin de la descente, puis redescendre soit en désescaladant jusqu’au relais actuel, soit en terminant la longueur et en effectuant un rappel depuis le prochain relais et prier que cela ne se reproduise pas…
Les perspectives suivantes sont de s’octroyer du repos car il n’arrêtera pas de pleuvoir pendant 2 jours… très appréciable pour nos muscles… et pour nos papilles… En effet durant ces temps maussades, nous nous divertissons avec jeux de cartes, énigmes, histoires, lectures… le tout rythmé de repas frugaux… Nous avons même pensé à réaliser une tarte au citrons dans ce beau refuge après négociation auprès des gardiennes de pouvoir utiliser le four en leur promettant qu’elles auraient droit de gouter au délice créé en altitude. Le seul hic a été de se rendre compte que nous avions oublié la farine… et là, à la seconde opération de négociation auprès des gardiennes, le plan s’est écroulé… les seulement 250g de farine nécessaires ne pourront pas être obtenus… au détriment de tous les occupants du refuge… soit ! la tarte au citrons devient donc crème au citrons et délecte tout de même notre appétit sans fin.
Au retour du soleil, 2 jours plus tard, nous sommes rejoins par toute une bande d’amis venus d’Argentine… Denise, Francisco, Veronica, Daniela, Juan, des amis d’Ivana mais aussi une vieille connaissance qui surgit par hasard avec ce groupe : Katya, la russe, amie depuis 2014 puisque nous avons voyagé ensemble lors du Petzl Roctrip en 2014. Quelle coïncidence ! Nous voilà 10 au total !


La vue très appréciable de notre campement
L’envers de l’Envers…
Étant donné le nombre important et la capacité jubilatoire à exprimer notre joie de vivre, nous sommes mis à l’écart par les gardiennes du refuge qui estiment que nous sommes trop bruyants…. -« Mais madame, il à peine 19h30 ! et nous mangeons à l’intérieur seulement parce que vous nous l’avez autorisé ! » – « Oui mais lorsque l’on est en bivouac, on est autonome ! « … voilà la phrase déclarée à notre chère Denise qui venait tout juste d’arrivée… L’ambiance a tournée chez les gardiennes… Nous formons à partir de ce moment un groupement « autonome » à l’extérieur où l’on peut laisser libre cours à nos rires et revendiquer « Somos Autónomos ! » (en espagnol : « on est autonome ! »).


S’en suivent une série d’escalades rocambolesques sur tous les flancs de l’Envers des Aiguilles :






Ivana et Pyd sur la « Tour Verte »






Florence et Cédric sur « la Pointe des Nantillons »









Vero, Daniela, Katya, Francisco et Ivana sur la tour Verte






Et un ptit tour sur la « Tour Rouge »


Flagrant délit de câlin entre corde et fleurs


L’efficace mais bruyant hélicoptère du PGHM


Une cordée franchissant le « Pont des Soupirs »


Retrouvailles des copines argentines
Beaucoup d’émotions, de rires, d’adrénalines, de froid, de chaleurs pour cette expédition ! 9 jours se sont écoulés et le rêve de prendre une douche bien chaude échauffe les esprits. Nous plions le camp des « Autonomos » pour nous mettre en route pour la fastidieuse descente au village. Nous jouissons une dernière fois de la vue et promettons de revenir parcourir d’autres aiguilles laissées en suspend.


De retour à la chaleur de la civilisation, nous apprécions le petit chalet prêté par un ami de Florence pour nous extirper toute la crasse accumulée et pour s’envoyer une énorme tartiflette ! Occasion pour les Argentins de découvrir ce met français tant apprécié.


Los Autónomos !


Une fois les habits séchés, nous décidons de chercher cette fois un peu de chaleur car les périples Chamoniards nous ont suffisamment refroidies et pour ainsi dire, les fissures ne sont pas exactement celles que nous attendions… il y a proportionnellement plus de passages en dalle qu’en fissures à verrous à notre goût. Ce désir de chaleur et de fissures combiné à la position géographique actuelle nous introduit l’idée de partir vers l’Italie à la découverte du fameuse chaine de montagne granitique aux réputations établies de grimpe en fissures :

